PREND TES PATINS
libre

Tu étais tranquillement accoudé au comptoir de la boutique, ton bonnet sur les oreilles et ton sourire sur les lèvres. Le regard perdu dans tes pensées et dans la blancheur du lac. Ce matin, le soleil jouait à cache-cache avec les nuages et tu ignores encore si un rayon de soleil va venir vous surprendre en fin de journée. Il faut dire qu’il est taquin à North Pole, capable de ne pas apparaitre de la journée comme de débarquer en un instant. Tu réalises à quel point cette ville est magique, différente de toutes celle que tu as côtoyés ses dernières années. Tu regardes les patins derrière toi et ton cœur balance. Cela fait presque un an maintenant. Rien que d’y penser, tu ressens une douleur dans ta cheville. Une douleur qui te freine dans ton élan, pourtant, tu sais que tout cela est surtout dans ta tête. Tu sais que ta cheville est remise, le médecin de l’a dit il y a quelques mois et pourtant, tu continues de venir le voir, tu continues de la muscler. Comme si elle ne l’était pas. Mais tu n’es pas prête, tu as ce blocage, cette peur que tu ne contrôle pas. Pourtant tu y penses, souvent. Quand le lac est vide, les patins sont là, tu pourrais essayer, tu pourrais même chuter sans que personne ne le voit mais non.. Tu n’y arrives pas, tu te perds dans ton cauchemar et aujourd’hui comme bien souvent, c’est un habitant de North Pole qui te sort de tes pensées. « Bonjour. » Tu souriais à la personne en face de toi, comme si c’était un ami de longues dates.

PREND TES PATINS
 @Liz Fawn

La location de patins, c’est l’occasion pour toi d’être proche de ta passion, tout en ayant une couverture te permettant de justifier le fait que tu ne vas plus sur la glace. Par peur. Une peur que tu n’assumes pas du tout. Toi qui a passé des années plus à l’aise sur la glace que sur la terre. La voix qui te sort de tes pensées est celle d’une demoiselle. Elle n’est pas très grande mais elle fait preuve de beaucoup d’enthousiasme et ne peut que te voler un beau sourire. Tu as toujours adoré les enfants et leur naturel spontané. Alors forcément, l’enthousiasme de cette demoiselle t’amuse et tu le comprends. Tu devais avoir son âge quand le patinage est arrivé dans ta vie et l’amour que tu avais pour ce sport n’avait fait que grandir avec les années. La petite te demande si tu donnes des cours et tu n’as pas le temps de répondre que sa maman intervient pour freiner les ardeurs de la jeune fille. « C’est cela, ça fonctionne comme les chaussures. Il vous faut quelle pointure ? » Tu écoutes la réponse de la jeune maman avant de prendre deux paires de patins que tu lui tends. Ton regard se pose ensuite sur la demoiselle. Ce n’était pas la première fois qu’on te demandait si des cours étaient possible et c’était une idée qui trottait doucement dans ton esprit. Une bonne idée mais pour cela, il te faudrait probablement un peu d’aide. Même si vous êtes deux à vous relayer sur la cabane de location. Donner des cours, c’est allongé du temps de travail, surtout durant la période des fêtes. Il est vrai que le reste du temps, tes clients sont des habitants alors ils peuvent patienter un instant que tu viennes à eux. Et c’est peut-être un bon moyen de tester ta cheville en douceur. Même si les medecins t’ont dit que le sport de haut niveau était fini pour toi, ils t’ont dit aussi que tu pouvais repatiner en étant raisonnable. Un regard rapide sur le lac te confirme qu’il n’y a pas grand monde et les étoiles dans les yeux de la demoiselle te touches plus qu’il ne le faudrait. « Entraines-toi a bien tenir debout, l’équilibre c’est le plus important et si ta maman est d’accord, je pourrais te donner deux, trois conseils pour la suite ? » Ce ne serait pas un cours mais déjà quelques bases, quelques détails pour lui faciliter la glisse. Tu regardais ensuite Liz. Il était important qu’elle soit d’accord, le patinage pouvait également être un sport dangereux, tu l’avais appris récemment et à tes dépens. Pourtant tu connais les risques depuis toujours, mais les vivre les rendent beaucoup plus réel.